AWS : une panne mondiale du cloud d’Amazon secoue Internet
- Benjamin Duplaa
- 19 oct.
- 9 min de lecture
Lundi 20 octobre 2025, une défaillance massive d’Amazon Web Services (AWS) – la division cloud du géant Amazon – a provoqué des perturbations à l’échelle du globe. AWS n’est autre que le leader mondial du cloud computing, offrant à des millions d’entreprises et services en ligne l’infrastructure pour stocker des données et faire tourner leurs applications. Lorsqu’il tousse, c’est tout l’Internet qui s’enrhume : la panne de ce lundi l’a spectaculairement illustré en touchant aussi bien les réseaux sociaux, les jeux vidéo en ligne que des services financiers ou gouvernementaux.
Cet incident rappelle que notre dépendance au cloud d’Amazon est immense. AWS détient environ un tiers du marché mondial du cloud en 2025, devant Microsoft Azure et Google Cloud. Depuis des années, Amazon investit lourdement dans ses infrastructures (centres de données, réseaux) pour répondre à une demande exponentielle – plus de 25 milliards d’euros investis en France depuis 2010, incluant des data centers
Le revers de la médaille de cette domination, c’est qu’une panne chez AWS peut mettre à genoux une grande partie du Web mondial : même des géants comme Netflix, Disney+ ou des plateformes bancaires n’ont pas de plan B facile en cas de défaillance du cloud d’Amazonreuters.comreuters.com.
Les faits : une panne massive partie de Virginie
L’alerte a débuté dans la matinée. D’après Amazon, les premières anomalies ont été détectées vers 9h (heure de Paris) sur l’une de ses régions de centres de données aux États-Unislemonde.fr. Plus précisément, le problème est parti de US-EAST-1, le data center AWS situé en Virginie du Nord considéré comme le cœur névralgique d’Internetmac4ever.com. Sur son tableau de bord de statut, AWS a confirmé enregistrer « des taux d’erreur et des latences accrues » sur plusieurs services majeurs, notamment son service de base de données Amazon DynamoDB et son infrastructure de serveurs EC2mac4ever.com. Ces technologies constituent la colonne vertébrale de nombreux sites et applications : une défaillance à ce niveau a donc un effet domino instantané.
Très vite, des millions d’utilisateurs à travers le monde ont constaté des pannes ou ralentissements. Selon Downdetector, les signalements ont explosé dès ~7h UTC (9h heure française), affectant simultanément des dizaines de plateformesmac4ever.com. Des sites et applications parmi les plus populaires étaient inaccessibles : le réseau social Snapchat, la plateforme de jeux Fortnite, le service de messagerie professionnelle Slack ou encore l’application chiffrée Signal figuraient parmi les premiers touchéslemonde.fr. Les jeux en ligne Roblox, Clash of Clans, ainsi que Zoom, Canva ou Duolingo ont également subi des interruptionsmac4ever.com.
Même Amazon en a fait les frais. Le site de e-commerce Amazon.com, les services de streaming Prime Video et Amazon Music, l’assistant vocal Alexa ou les sonnettes connectées Ring – tous hébergés sur l’infrastructure maison – ont connu des dysfonctionnementsmac4ever.com. Le service d’intelligence artificielle Perplexity AI a confirmé que son site était hors ligne à cause de la panne AWS, tout comme de nombreux services financiers (ex : l’application de paiement Venmo, la plateforme crypto Coinbase) ou de transport (des milliers d’utilisateurs de Lyft, concurrent d’Uber, ont vu l’app en panne)reuters.comreuters.com.

L’Europe n’a pas été épargnée. Au Royaume-Uni, les banques Lloyds, Halifax et Bank of Scotland ont connu des soucis d’accès en ligne, tout comme le site du fisc britannique HMRCtheguardian.comtheguardian.com. Des utilisateurs de Ring en Angleterre se sont plaints sur les réseaux sociaux de sonnettes inactivestheguardian.com. En France, où AWS dispose aussi d’importants clients, des ralentissements ont également pu être observés sur certains services critiques – signe que l’onde de choc de la panne américaine s’est propagée mondialement via les interconnexions du cloud.
Communication et durée. AWS est resté avare de détails sur le moment, se contentant d’indiquer travailler « activement à atténuer le problème et à en comprendre la cause »mac4ever.com. Aucune estimation de retour à la normale n’a été fournie dans l’immédiat.
La panne aura duré plusieurs heures dans la matinée. Vers midi (heure de Paris), Amazon a annoncé observer des « signes significatifs de reprise » sur la plupart des services AWS affectés, y compris les fonctionnalités globales qui dépendaient de US-EAST-1tomsguide.com.
Autrement dit, la situation a commencé à se rétablir progressivement en début d’après-midi, même si certains services isolés ont connu des perturbations résiduelles un peu plus longtemps (le réseau social Reddit, par exemple, a connu des ratés jusqu’en milieu de journée suite à ces événements).
Implications : une cascade mondiale et des services critiques paralysés
Cette panne éclair met en lumière la vulnérabilité du Web face à un fournisseur cloud ultra-dominant. En quelques minutes, des centaines de services numériques essentiels se sont retrouvés paralysésmac4ever.com. Pour des millions d’utilisateurs et d’entreprises, cela s’est traduit concrètement par une impossibilité de communiquer, de travailler ou de se divertir en ligne. Des développeurs incapables d’accéder à leurs outils sur AWS, des employés coupés de Slack ou Zoom, des joueurs déconnectés en pleine partie Fortnite… Le scénario illustre notre dépendance systémique : une seule entreprise (Amazon) peut, par un incident technique, provoquer une pagaille planétaire.
Au-delà du désagrément utilisateur, les conséquences économiques sont bien réelles. Les e-commerçants ont perdu des ventes pendant l’interruption d’Amazon.com, des PME n’ont pas pu encaisser de paiements le temps que Venmo ou les services bancaires en ligne étaient KO, et la productivité a chuté dans d’innombrables organisations privées ou publiques tributaires du cloud. Il est encore trop tôt pour chiffrer précisément l’impact financier de cette panne. Toutefois, on sait que quelques heures d’arrêt pour des services majeurs se traduisent par des pertes de revenus colossales.
À titre d’exemple, une précédente panne AWS de quatre heures en 2017 avait entraîné entre 150 et 160 millions de dollars de pertes pour les entreprises américaines concernées Si l’incident d’aujourd’hui a été plus court, son ampleur mondiale laisse penser que le manque à gagner cumulé se chiffre aussi en dizaines, voire centaines de millions de dollars.
Du côté d’Amazon lui-même, cette avarie est un coup dur en termes d’image. Le géant de Seattle se targue habituellement d’une fiabilité de service de 99,99%. Voir AWS “tomber” ainsi publiquement jette une lumière crue sur ses failles potentielles. Cependant, fait notable, les marchés financiers n’ont pas paniqué : le cours de l’action Amazon est resté quasiment stable dans les heures qui ont suivi, les investisseurs gardant leur calme dans l’attente des résultats trimestriels à venir.
Cela témoigne d’une certaine confiance dans la capacité d’Amazon à résoudre rapidement le problème, mais aussi du fait que ces incidents, bien que spectaculaires, restent rares à l’échelle de l’histoire d’AWS.
Enfin, cette panne pose la question des services critiques hébergés sur le cloud. Lorsque des messageries sécurisées comme Signal ou des plateformes gouvernementales sont affectées, c’est la sécurité et la continuité des services publics qui entrent en jeu. Les hôpitaux, les transports, la finance : tous ces secteurs migrent massivement vers le cloud pour ses avantages, mais un tel incident rappelle qu’il faut prévoir des plans de reprise d’activité solides. Les effets en cascade ont montré que même des outils de monitoring internes d’AWS étaient touchés, retardant la résolution du problèmereuters.comreuters.com.
En clair, la résilience du cloud face aux pannes est un enjeu critique : comment assurer qu’un problème localisé ne fasse pas tomber l’édifice mondial ? Cette question sera au centre des débats technologiques suite à l’incident.
Tableau récapitulatif de la panne AWS du 20/10/2025
Le tableau ci-dessous synthétise les informations clés de cet incident :
Formation et reconversion : des opportunités dans le cloud
Ironiquement, cette panne met aussi en lumière le besoin de talents formés en cloud computing. La complexité des infrastructures AWS – avec des centaines de services interdépendants – requiert des spécialistes capables de concevoir des architectures résilientes et de réagir vite en cas d’incident. Or, les entreprises peinent déjà à recruter ces profils. 84% des DSI citent le manque de compétences cloud comme un frein majeur à la transformation numériquebenjaminduplaa.com.
Sur le bassin de Bordeaux, par exemple, plus de 320 personnes ont été formées au cloud hybride en 2024, avec un taux d’insertion professionnelle de 87% dans les 6 moisbenjaminduplaa.com.
Les métiers du cloud font partie des professions d’avenir dans l’IT, au même titre que l’intelligence artificielle ou la cybersécurité – ce blog en a déjà parlé dans La transformation numérique à Bordeaux et Mérignac ou Se préparer aux métiers numériques de 2030.
Pour les professionnels en quête de sens ou de reconversion, le secteur du cloud offre de réelles opportunités. Des programmes de formation dédiés voient le jour afin de répondre à la demande. Par exemple, AWS re/Start – lancé par Amazon en 2017 – est un programme gratuit qui vise à former des publics éloignés de l’emploi aux métiers du cloud et à les aider à lancer leur carrière dans la tech.
En France, ce programme opéré en partenariat avec des organismes comme Simplon a déjà permis à des cohortes de personnes de se reconvertir avec succès vers des postes d’administrateurs cloud, DevOps, etc. D’autres parcours, accessibles via le CPF ou des écoles spécialisées, permettent d’obtenir des certifications cloud (AWS, Azure, GCP) très prisées sur le marché du travail.
Si cette panne AWS a semé la pagaille, elle a aussi rappelé que les compétences pour concevoir un cloud plus robuste sont stratégiques. De nombreux professionnels de l’informatique l’ont constaté : comprendre le fonctionnement interne d’AWS, ses points de défaillance possibles, savoir optimiser une architecture multi-régions ou multi-cloud, ce sont là des savoir-faire extrêmement recherchés.
Pour qui envisage une carrière IT ou une spécialisation, le message est clair : « le cloud a besoin de vous ». Les plans de formation et de reconversion dans ce domaine n’en seront que plus valorisés dans les années à venir.
Perspectives : quelles leçons et quelle suite après l’incident ?
À chaud, Amazon n’a pas encore livré tous les détails sur la cause première de cette panne mondiale. Une enquête interne est en cours pour déterminer ce qui a pu mettre en défaut à la fois DynamoDB et d’autres services critiques sur la région Virginie. Comme souvent, on peut s’attendre à un rapport d’incident détaillé de la part d’AWS dans les jours à venir, une fois la cause racine identifiée (qu’il s’agisse d’un bug logiciel, d’une erreur humaine, d’un problème réseau ou autre).
L’objectif sera de rassurer les clients en expliquant les mesures prises pour éviter qu’un tel scénario ne se reproduise.
Pour les entreprises clientes d’AWS, cet événement sera sans doute l’occasion de réévaluer leur stratégie de secours. Beaucoup utilisent le cloud d’Amazon en confiance, mais pourraient désormais envisager davantage de redondance. Concrètement, cela signifie répartir ses infrastructures sur plusieurs régions AWS (afin que la défaillance d’une région n’affecte pas tout le système), voire explorer des approches multi-cloud en combinant plusieurs fournisseurs (AWS, Microsoft, Google…). Néanmoins, comme le notaient des experts après une panne similaire en 2021, « la complexité et la domination d’AWS rendent difficile l’implémentation de vrais plans de secours multi-cloud »reuters.comreuters.com. Passer d’un cloud à un autre n’est pas aisé techniquement, surtout quand on utilise des fonctionnalités avancées et propriétaires d’AWS. De plus, des coûts de sortie de données (“egress fees”) élevés freinent la diversification. Malgré tout, l’idée d’un cloud plus ouvert et interopérable fait son chemin : favoriser le multi-cloud pourrait in fine renforcer la confiance des clients, en leur garantissant qu’une panne ne mettra pas tous leurs œufs dans le même panier.
Pour AWS lui-même, cette panne agit comme un stress-test grandeur nature. L’entreprise va devoir prouver qu’elle sait en tirer des enseignements concrets. On peut s’attendre à ce qu’elle renforce les points faibles mis en évidence : par exemple, mieux isoler certaines de ses ressources critiques pour qu’une avarie locale n’ait pas d’effet global, ou améliorer ses outils internes de monitoring afin de communiquer plus rapidement en cas de problème (durant la panne, AWS a avoué que ses propres systèmes de supervision étaient impactés, d’où des retards de communicationreuters.comreuters.com). AWS devra également regagner la confiance de ses clients clés en renouant avec son excellente fiabilité habituelle sur les prochains mois.
Enfin, au-delà d’AWS, cette panne interroge sur la robustesse de l’infrastructure d’Internet en général. Elle survient un an après une autre interruption majeure (la panne CrowdStrike de 2024 avait paralysé hôpitaux, banques et aéroportsreuters.com) et rappelle que même le « nuage » a ses failles bien terrestres. À l’heure où l’on parle de souveraineté numérique et d’indépendance technologique, certains y verront un argument pour diversifier les acteurs du cloud et éviter qu’un seul fournisseur concentre autant de pouvoir sur le fonctionnement du Web. Des initiatives européennes comme Gaia-X visent par exemple à construire des alternatives cloud plus distribuées.
Quoi qu’il en soit, “post-mortem” il y aura : chaque panne majeure permet aux ingénieurs de renforcer un peu plus la résilience du réseau. Les retours d’expérience seront scrutés dans toute l’industrie. Et pour les professionnels comme pour les utilisateurs, la leçon du jour est claire : Internet repose sur une architecture complexe et centralisée, que l’on doit sans cesse consolider pour qu’elle demeure aussi invisible que l’air… jusqu’au jour où elle se manifeste bruyamment, comme ce 20 octobre 2025. En espérant que la prochaine fois, le « nuage » d’Amazon saura rester solide et que le soleil continuera de briller en ligne sans interruption.
Sources : Reuters, Mac4Evermac4ever.commac4ever.commac4ever.com, The Guardiantheguardian.com, AWS (statut officiel, blog AWS re/Start)
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