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La surprenante stabilité du marché du travail français au 2e trimestre 2025

  • Photo du rédacteur: Benjamin Duplaa
    Benjamin Duplaa
  • 19 oct.
  • 4 min de lecture

Dernière mise à jour : 26 oct.

la France présente une photographie du marché du travail d’une étonnante stabilité. Aucun choc brutal ni rebond spectaculaire à signaler : le paysage de l’emploi affiche un calme relatif, presque déroutant. Pourtant, derrière cette apparente résilience, pointent des signes de tension latente. Les dernières données publiées par l’INSEE et France Travail dressent le tableau nuancé d’un marché en équilibre instable, entre résistance et fragilités sous-jacentes.


Les faits marquants du trimestre

  1. Un taux de chômage stable, mais sous surveillance. Le taux de chômage au sens du BIT s’établit à 7,5 % au 2e trimestre 2025, après une légère révision du trimestre précédent. Ce niveau, en apparence rassurant, masque toutefois une fragilité : selon les projections de l’INSEE, le taux pourrait remonter à 7,7 % d’ici la fin de l’année. Le marché du travail reste donc sous tension, notamment pour les jeunes actifs et les non-diplômés, qui demeurent les plus exposés au chômage.


  2. L’emploi salarié privé se maintient. L’emploi salarié privé reste quasiment au même niveau qu’au trimestre précédent (≈ –4 800 postes, soit -0,0 % sur le trimestre, et -0,4 % sur un an). La légère croissance des postes dans les services compense tout juste les pertes d’emplois observées dans la construction et l’intérim. Le temps de travail moyen, lui, demeure stable autour de 31,2 heures par semaine, un niveau équivalent à celui d’avant-crise. Autrement dit, on ne détruit pas massivement d’emplois... mais on n’en crée pas assez pour absorber tous les nouveaux entrants sur le marché.


  3. Pouvoir d’achat : un léger mieux grâce aux salaires. Les salaires horaires augmentent de +2,5 % sur un an dans le secteur marchand non agricole, tandis que le coût horaire du travail progresse de +2,7 %. Ces hausses dépassent légèrement l’inflation sur un an (env. +0,9 %), offrant un petit répit au pouvoir d’achat des ménages. Ce souffle bienvenu reste cependant fragile : la dynamique salariale française demeure inférieure à la moyenne européenne, ce qui limite les gains de pouvoir d’achat par rapport à nos voisins.


  4. Moins d’inscriptions à France Travail : des chiffres à relativiser. Le nombre d’inscrits en catégories A, B et C (demandeurs d’emploi tenus de chercher un travail, avec ou sans activité) recule de -2,2 % sur le trimestre, pour s’établir à 5,612 millions de personnes. Cette baisse doit cependant être interprétée avec prudence. Des changements méthodologiques – entre autres une actualisation plus stricte des dossiers, des sanctions accrues en cas de manquements, et les premiers effets de la réforme vers le “plein emploi” – faussent partiellement la lecture de ces chiffres.


    En clair, le recul des inscrits reflète possiblement davantage des ajustements administratifs que de réelles sorties durables du chômage.


Des tensions de recrutement persistantes en toile de fond

Malgré une stabilité globale des indicateurs, les employeurs font face à des tensions de recrutement qui ne faiblissent pas. D’après l’enquête BMO 2025 (Besoins en Main-d’Œuvre), 50 % des projets d’embauche sont jugés difficiles à réaliser par les entreprises. Les postes vacants restent nombreux et variés. Parmi ces emplois à pourvoir, environ 45 % correspondent à des postes réellement inoccupés faute de candidat, 30 % à des créations de poste nouvelles, et environ 25 % à des remplacements à venir (postes occupés sur le point de se libérer).


Autrement dit, les besoins de main-d’œuvre demeurent élevés, tant pour développer de nouvelles activités que pour pourvoir les postes laissés vacants.


👉 Les métiers les plus recherchés par les recruteurs en 2025 se concentrent dans plusieurs secteurs en tension : les soins et métiers de la santé, le BTP (bâtiment et travaux publics), l’hôtellerie-restauration, le commerce et les métiers techniques et de maintenance. En face, les profils qualifiés les plus rares sur le marché sont notamment les titulaires de diplômes professionnels : des CAP ou BEP dans les spécialités techniques, ainsi que des diplômes bac+2 très orientés terrain (techniciens supérieurs, etc.).


Ces candidats se font particulièrement désirés, créant un décalage persistant entre l’offre et la demande de compétences.


Formation et reconversion : des leviers à actionner

Le calme apparent du marché du travail n’est donc pas synonyme d’équilibre pérenne : il révèle au contraire un décalage structurel entre les besoins des entreprises et les compétences disponibles sur le marché.


Pour combler ces écarts et désamorcer les tensions, trois leviers concrets peuvent être activés :


  • Former plus vite et mieux sur les métiers en tension : accélérer et renforcer la formation dans les secteurs en pénurie de main-d’œuvre (soins infirmiers, maintenance industrielle, numérique, artisanat…), afin d’élargir le vivier de candidats immédiatement opérationnels.


  • Renforcer l’attractivité des filières techniques : revaloriser les filières professionnelles telles que les CAP, les bacs pro et autres formations courtes qualifiantes, pour attirer davantage de jeunes et d’adultes en reconversion vers ces métiers essentiels à l’économie.


  • Faciliter les transitions professionnelles avec des parcours hybrides : développer des parcours mixtes combinant formation, accompagnement personnalisé et expérience de terrain (stages, apprentissage, immersions en entreprise).


    Ces chemins de reconversion sur mesure permettent aux actifs d’acquérir de nouvelles compétences tout en limitant les risques liés au changement de carrière.


Et maintenant ?

La conjoncture actuelle place l’économie française sur une ligne de crête. Certes, la stabilité de l’emploi observée au printemps 2025 est rassurante à court terme, mais le risque d’un essoufflement plane. On pourrait voir poindre un ralentissement des recrutements, une plus grande prudence salariale de la part des entreprises, tandis que les métiers continuent de se transformer rapidement sous l’effet des évolutions technologiques et organisationnelles.


Tout l’enjeu des prochains mois sera donc de profiter de ce moment de répit pour mieux préparer l’avenir du marché du travail. Il s’agira de transformer cette pause en tremplin, et non en stagnation : investir dans les compétences, adapter la formation et accompagner les mobilités professionnelles, afin que la résilience actuelle débouche sur une dynamique d’emploi plus soutenue et inclusive.

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